Revue du Lyonnais » série 4 - n°10 ( 1880 ) » pp.066

   LE SALON LYONNAIS
                   ANNÉE l 8 8 o



           COMPTE-RENDU
                        (SUITE)




  COMTE. — 149. — Le Temps qui chasse l'Amour.

   Char doré de l'Amour qu'emportent les colombes,
Bijou frêle et charmant qu'un souffle peut briser,
Envole-toi léger, mais redoute les tombes ;
Belle, redoute aussi l'enfant et son baiser.
  Sur l'azur déjà passe un voile de nuages ;
Les oiseaux de Vénus s'envolent effarés,
Et l'aquilon jaloux déchire les feuillages ;
Les voilà bien perdus, les beaux énamourés!
  On voudrait à vingt ans, pour son âme immortelle,
Une beauté parfaite, un cœur aimant et pur ;
On la voudrait si douce, on la voudrait si belle !
Le beau rêve idéal s'envole en plein azur.
   On va cherchant toujours et toujours l'on désire,
Chantant, désespérant et pleurant tour à tour ;
L'âme triste se plaint; le cœur trompé soupire,
Et vers les rêves morts le Temps chasse l'Amour.