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POÉSIE Beaux arbres, hélas ! de l'automne Vous avez subi la rigueur, Et j'entends la bise en fureur Qui tout autour de vous bourdonne. Vos feuilles à son souffle ardent Vont, l'une après l'autre flétries, Se mêler aux mousses jaunies Que mon pied foule lentement. Sur la montagne ou dans la plaine, Elles s'en vont au gré du vent, Voltigeant et tourbillonnant Ainsi que des âmes en peine. Vous semblez vouloir retenir Ces feuilles que l'orage arrache ; Aussitôt qu'une se détache On croit vous entendre gémir. Pourquoi donc pleurez-vous, beaux charmes ? Pourquoi craquez-vous tristement Sous les âpres baisers du vent Qui vient flétrir vos derniers charmes ? Espérez ; les jours nébuleux Passeront et le mois de Flore Elèvera plus haut encore Vos jeunes branches vers les cieux. Ne pleurez pas ; je vous envie ! Comme les doux et frais arceaux Que formaient vos légers rameaux, Mon âme, en entrant dans la vie, Vit les fleurs de l'illusion, De l'avenir, de la jeunesse, Parfumer de leur allégresse Sa trop rapide vision.