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29G L'EXPOSITION RÉTROSPECTIVE deux portraits , dont l'un , celui d'Innocent X, vous frappe et vous saisit à première vue, avant que le livret vous ait révélé le nom du peintre et celui du modèle. Monté sur le trône pontifical en 1644, Innocent X mourut en 1655, à l'âge de 81 ans, en laissant à la postérité le souvenir d'un pontife ferme et énergique et d'une grande austérité de mœurs. Ce jugement de l'histoire n'est point démenti par ce portrait, que l'artiste a peint avec une vigueur et une puissance de couleur peu communes. On croit voir sortir du cadre cette tète ascétique de vieillard, qui vous fixe avec un regard profond , et qui conserve encore, sous l'apparence de la caducité, une si vive expression d'autorité et de souveraine puissance. Les deux autres œuvres de l'école espagnole sont infé- rieures à ce portrait. Le divin Pasteur de Murillo appar- tient à la manière chaude du maitre. Mais ce tableau, de faible dimension, ne peut donner une idée parfaite du talent et des diverses manières de l'artiste à quiconque n'a pas vu ses principales œuvres. Je lui préfère, pour ma part, la Têts de vieillard de Ribéra, qui est peinte avec l'énergie et cette vive opposition d'ombre et de lu- mière, que l'on remarque dans toutes les œuvres de cet artiste, mais qui a tourné au noir, comme la plupart de ses tableaux. L'Exposition rétrospective ne possède, au contraire, aucune œuvre des plus grands maîtres de l'école italienne. Seul, le Guerchin est représenté par deux portraits bien dessinés, mais qui ne sauraient rien ajouter à la renom" mée de l'un des plus habiles peintres de l'école bolonaise. Mais* à défaut d'œuvres capitales, il faut reconnaître que la série importante des tableaux des premiers temps de la peinture italienne, réunis au Palais du Commerce offre un grand intérêt pour l'histoire de l'art. Elle per-