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. LA CROIX DU MONT-THOU 43 et d'union sans lesquels les peuples délaissés par la vic- toire ne peuvent jamais reconquérir ni leur place parmi les nations ni leur gloire éclipsée. Cependant, après avoir encore contemplé pendant un moment ce qui reste du panorama, nous éprouvons le désir de voir la partie dont le Verdun nous dérobe la vue et nous songeons alors à la descente; un sentier que nous trouvons à dix pas en arrière de la croix, nous offre le moyen de l'opérer rapidement. Il est large comme trois fois la main et se taille en escalier le long du crest, au milieu des touffes* de buis qui abondent sur cette par- tie de la montagne. Quelques minutes nous suffisent alors pour atteindre la Maison Brûlée, une ruine avec un bout de terrasse plantée de quelques arbres vigoureux qui s'élève entre la pente buissonneuse que nous venons de descendre et les prés que nous traversons en ligne droite pour rejoindre la route de Neuville. De cette route que nous allons franchir, on embrasse d'un coup-d'œil toute la vallée de Poleymieux qu'enlacent les grands con- treforts du Verdun et du Thou qui s'allongent comme deux bras gigantesques et que semble fermer, en avant de Curis, un mamelon dont le sommet est couvert de vignes. Tout en franchissant la route, nous découvrons la pro- longation de notre sentier qui se trace de l'autre côté du chemin; ce sentier nous conduit jusqu'à des taillis épais qu'il longe d'abord et contourne ensuite pour nous amener, par une pente insensible, à mi-côte du Narcel, au-dessus de grandes prairies sourcilleuses qui déroulent leur frais tapis jusqu'au fond d'une gorge étroite que le Verdun a l'air d'enclore tout entière. Autrefois, on se trouvait là dans un cirque de hauteurs, tantôt nues, tan- tôt boisées, qui, pendant l'a belle saison, resplendissaient