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BIBLIOGRAPHIE. 49b
M. Petit-Senn a dédaigné le secours si puissant des
annonces, il s'est tenu en dehors du tourbillon et du
bruit ; les éditeurs n'ont pas sonné de la trompette au-
tour de ses œuvres; aussi le voilà -t-il au seuil de la
vieillesse, sans avoir joui de la réputation qu'il mérite,
et ses contemporains restent indifférents à son nom, sans
se douter de sa valeur, sans deviner l'éclat dont il bril-
lera un jour.
Mais vienne la postérité, et la justice pèsera ses mé-
rites. On se demandera : Est-ce bien là le philosophe, le
penseur que nous avons perdu ? comme à distance il a
grandi! Et la jalousie, elle-même, voulant humilier les
écrivains modernes, papillons à tête vide, frelons rapa-
ces et inutiles, leur opposera celui qui, dans la retraite,
avait, comme le ver à soie modeste, filé un fil précieux
et tissé une œuvre à jamais à l'abri des injures du
temps.
Nous qui ne sommes ni Réclame ni postérité, es-'
sayons d'étudier l'écrivain, pendant qu'il est confondu,
perdu dans cette foule active et agitée, qui se promène
sur la surface du globe.
Nous avons naguère, à propos de Mes cheveux blancs,
dernier volume de poésies de l'auteur, signalé tout ce
que la plume de M. Petit-Senn contenait de gaîté, de
malice et de gracieuse sensibilité; de nombreux jour-
naux, des Revues, plusieurs volumes, peuvent nous ser-
vir de pièces à l'appui. Après avoir habité Lyon et vu
Paris, M. Petit-Senn avait créé à Genève, le Fantasque,
feuille littéraire qui vécut cinq ans, laps de temps bien
long, si l'on songe que l'habileté commerciale doit
compter pour la plus forte part daus le succès d'un jour-