page suivante »
LE PAGE DU BARON DES ADRETS. 473 emparés de Lyon par surprise, et cette belle cité si riante, si animée autrefois, était triste et désolée. Partout la ruine et l'incendie, partout les dévastations des eaux qui égalaient au moins la fureur des huguenots. La cherté des vivres devenait exorbitante, les gens de la campagne n'osaient plus rien apporter au marché de la ville. Le peuple criait la faim. Des prédicateurs étaient venus de Genève, prêchant sur les places publiques et distribuant des bibles, mais le peuple les jetait à la Saône et demandait du pain dont il avait plus besoin que des menteuses déclarations des apôtres de la nouvelle religion. Cependant le baron des Adrets commençait sérieuse- ment à s'inquiéter de la tournure que prenaient les choses. Il avait envoyé de tous côtés des estafettes presser l'envoi du blé depuis longtemps demandé. Il fit proclamer à son de trompe que sous peu de jours, de nombreux chargements de farine et de blé allaient arri- ver, et défendit, sous peine d'encourir les peines les plus sévères, de mutiler aucun monument public. Ayant rassuré la population, rétabli l'ordre, il convo- qua à Pierre-Scize un conseil de guerre. La grande tâche que s'était proposée le baron ne venait que de commencer dans le Lyonnais et le Beaujolais, tout rem- plis de villes et de châteaux forts, et, avant que les Guises ne vinssent l'attaquer, il était urgent de réduire tout le pays sans retard. Il désigna à ses capitaines chaque point qui leur était réservé et garda pour lui les plus diffi- ciles. Il ne fit exception que pour Montbrun: connais- sant son habileté et son courage, il lui confia l'attaque du château et de la ville de Thizy ; quant à lui, il garda