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440 HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LYON. Ici la similitude est d'autant plus saisissante qu'elle se lie à une action. Cependant, nous n'osons décider si la poe'sie du chantre de Béatrix l'emporte, malgré toute sa beauté, sur la prose du philosophe chrétien. Il faudrait s'arrêter a chaque page, si l'on voulait relever tous les endroits remarquables du traité que nous analysons. Sans doute, la phrase n'a pas l'ampleur majestueuse de la période cicéronienne. Parmi les Pères, le seul Lactance approche quelquefois de l'auteur des Tusculanes et des Offices ; mais Eucher ne cherche point à rivaliser avec les écrivains de l'antiquité profane. Sur son style, formé à l'école de Lérins, se sont déteintes la graviié et la concision des Ecritures. II en résulte un genre de composition à part; le moule est serré, mais la pensée y trouve toujours l'étendue qui lui est nécessaire. On croirait souvent lire quelqu'un des livres sapientiaux. Nous nous étonnons que dans les classes supérieures de langue latine on n'introduise pas les parties principales de cette œuvre. Leur traduction profiterait aux élèves de plus d'une manière. Elle leur donnerait une idée de la robuste latinité de ce Père qui sut, sans le chercher, ajouter une palme h la gloire des lettres romaines ; elle leur apprendrait à méditer, aux heures de quiétude, sur la condition passa- gère de l'homme ici-bas, et laisserait dans leur mémoire un peu de cette science suprême rie la vie, qui consiste à jouir modérément de la bonne fortune et a supporter coura- geusement la mauvaise. Ce serait, à notre sens, un supplé- ment heureux aux éloquents traités de Cicéron. Vede alla terra tutte le sue spoglie, Similcmente il mal semé d'Adamo Gitlarsi di quai lido ad una ad una Pcr cenni, corne augel per suo richiamo. (Infern,. cant. III).