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HISTOIRE LITTÉRAIRE DE WOT* 425 catastrophes que la Providence réservait au colosse romain, de toutes parts assailli, cette heure terrible était proche. Une sorte de pressentiment de ce qui allait advenir remplissait d'un trouble indéfinissable les imaginations effrayées. A l'anarchie, devenue la condition normale de la société, se joignait encore une dépravation de mœurs incroyable. Eperdus, saisis du dégoût de la vie sociale, une foule d'hom- mes supérieurs de ce milieu sans repos où s'élaborait la dis- solution du vieux monde se précipitaient dans le désert, comme en un asile préparé par la prévoyance divine. Une fois sa résolution prise, l'ëx-sénateur avait tourné ses regards vers l'île de Lérins, où saint Honorât menait de fonder un monastère déjà célèbre, malgré son origine récente. Il vécut quelque temps parmi les nombreux cénobites réunis dans cette île naguère déserte. Au nombre de ces solitaires se trouvaient plusieurs des hommes qui illustrèrent leur siècle et l'Eglise par de grands talents ou d'éminentes vertus, les Caprais, les Maxime, les Vincent, les Hilaire d'Arles. Le xvie des Carmina de Sidoine, qui fut presque contemporain de toute cette pléiade de saints et de docteurs, la gloire de Lérins, lait allusion a ce début de saint Eucher dans la vie cénobitique (i). Eucher lui-même se plaît à le rappeler dans une des plus belles pages de son panégyrique du désert (2). Ses enfants, dont il voulut confier l'éducation aux hôtes de sa nouvelle résidence (3), et leur mère, qui ne devait plus être pour lui qu'une sœur affectueuse, l'accompagnèrent dans sa retraite (4). Bientôt, épris d'un plus grand amour de (1) Célébrantes quoque lautlibus illis Enchérit venicnlis itcr. (2) /Yœctjme ,'amen-Lerinam meam honore complector, etc. (3) Eucher. in Lib. inslitut, prœfat. • (4) S. Paul. Nolens. Episl. ad Eue A. tl Galiam.