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              SUJETS TIRÉS DES POÈMES D'OSSIAN.          40b

    La traduction de Le Tourneur une fois oubliée, M. Chris-
 tian a voulu faire revivre Ossian dans une version
 nouvelle et pleine de mérite. Il y a dix ans que cet essai
 a été fait; qui a lu M. Christian ? Les lecteurs actuels, et
 même bien des lectrices, trouveraient, sans doute, les
poésies ossianiques à la fois trop vaporeuses et trop
 fades.
    Et qui s'inquiète aujourd'hui de l'authenticité des tex-
tes gaéliques ? Macpherson a-t-il réellement découvert
en Ecosse, publié, traduit l'œuvre originale du 111e siècle,
comme il l'a soutenu toute sa vie, appuyé par Blair,
Gray, Smith, par toute l'Académie des Highlands ; ou
l'a-t-il impudemment fabriquée, comme le lui reprochait
si amèrement M. Johnson ; montrant toutefois plus de
génie encore comme faussaire que comme traducteur,
disait moins malignement Cesarotti. Qui songerait main-
tenant à rallumer cette guerre de critiques, qui mit en
feu le monde savant du Nord , au dernier siècle ? Personne
assurément, etM. Chenavard moins que tout autre. Ce
n'est pas que son érudition n'en fût capable ; et nous
serions peu surpris, si, quelque jour, la main qui a écrit le
 Voyage en Grèce, et qui a compulsé tant d'auteurs anciens
pour y puiser les sujets de ses Compositions historiques,
abordait à son tour la question ossianique, et jetait dans
la balance quelques arguments inattendus.
   Mais pour cette fois, l'artiste n'y a pas pensé le moins
du monde ; mettant de côté toute glaçante discussion, il
n'a cherché dans les poèmes traduits par Le Tourneur
que des germes nouveaux pour sa verve féconde ; et, je
crois aussi (qu'il me le pardonne), qu'une occasion nou-
velle de laisser éclater son aversion contre le réalisme et
sa passion pour l'idéal ; le réalisme, qui se plaît à repro-
duire le laid et le mal sans souci de les propager, ou trop