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LE PAGE DD BARON DES ADRETS. 381 Un immense hourra accueillit cette nouvelle libéralité. Quelques officiers et soldats murmurèrent, mais si bas que ce murmure ne parvint pas aux oreilles du général. Tous les officiers supérieurs se rendirent ensuite à la sacristie, où allait se tetrr un conseil de guerre. Le page, pâle et émotionné, écrivait les résolutions prises. Tout étant arrêté pour le plan de campagne à suivre, le baron des Adrets congédia ses officiers qui firent en toute hâte rassembler leurs compagnies, car dans une heure on allait se porter dans tous les quartiers de Lyon où il y avait encore de la résistance. L'église de Saint-Jean était débarrassée de tous ces bandits. Bras-de-Fer avait seul la garde des prêtres et des religieuses. Le baron des Adrets fit signe à son page de le suivre, et tous deux se rendirent auprès des reli- gieuses. Ils trouvèrent ces saintes filles en prière; à la vue du baron, elles furent saisies de nouvelles terreurs , et elles se serrèrent les unes contre les autres pareilles aux brebis que le loup vient attaquer. La supérieure se dressa et couvrant de ses deux bras son troupeau sacré, elle dit —: : Vous ne pouvez ravir ces filles du Seigneur, elles sont à Dieu et non au diable. Le baron essuya la sueur froide qui coulait de son front, et après un effort surhumain : — Flavio, dit-il bien bas, de peur que les voûtes indiscrètes ne pussent répéter ses paroles, je te donne ces pauvres filles, c'est toi qui les a sau- vées des griffes de ces bandits, car, tu le vois, je ne fais pas toujours ce que je veux, et pourtant ils m'obéis- sent aveuglément quand il faut tuer, mais pour pardon- ner, jamais. Lyon, surpris au milieu de la nuit, eut honte, le matin,