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378 LE PAGE DU BARON DES ADKETS. l'entrée delà tour, mais votre présence est indispensable si vous voulez qu'il reste quelques têtes sur les épaules des Lyonnais. Le baron fronça les sourcils. — Je vous suis, dit-il à l'officier, allons voir ce qui se passe. Et descendant, il se rendit dans l'église de Saint-Jean, pleine de soldats ivres qui achevaient de mutiler cette belle basilique. Un monceau d'or et d'ar- gent et une foule d'objets précieux étaient entassés pêle- mêle au milieu du chœur; c'était une partie du pillage de la nuit. Tous les officiers du baron des Adrets étaient assis à l'entour et avaient réservé la place du milieu pour leur général. Ils avaient peine à contenir cette soldatesque qui hurlait de convoitise à la vue de tant d'or, lorsque le capitaine Foret de Blancon cria d'une voix forte : — Monseigneur François de Beaumont, baron des Adrets ! place à notre vaillant général. La foule s'écarta à ce nom terrible et devint silencieuse. Le baron promena un regard courroucé sur les soldats, et aucun de ceux qui l'entouraient n'eût osé le soutenir. Il s'assit; Bras- de>Fer et le page se tinrent debout derrière lui. Un soldat de la garde du général s'approcha du page, et au milieu du silence lui dit : — Jeune damoiseau, j'ai fait un bon butin pour toi, foi de Cornes-du-Diable (c'était son nom.) Il allait continuer, quand le baron des Adrets se leva .furieux et lui asséna sur la tête un si formidable coup de poing, que Cornes- du-Diable alla rouler étourdi à quelques pas. La stupeur fut générale. Dans le même instant, d'une place sombre s'échappèrent des gémissements étouffés. Pourquoi, dit le baron des Adrets, n'a-t-on pas eu