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                  HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LYON.                      331

   En tant que natif de Lyon, Eusèbe avait reçu le jour au
sein d'une famille grecque établie à Lugdunum. Les noms et
les personnages helléniques étaient, on le sait, très-com-
muns dans cette ville (t). Eusèbe, appellation fréquente de
l'époque byzantine, se lit même dans la série des dénomina-
tions grecques du Musée lapidaire de Lyon ; c'est le nom
d'un affranchi (2). Or, comme les affranchis étaient tenus de
porter le nom de leur maître, on peut regarder comme
assurée l'existence à Lugdunum d'une famille Eùo-éSeia dans
les premiers siècles de l'ère vulgaire.
   La nationalité d'Eusèbe ressort encore d'une circonstance
particulière. Les manuscrits de l'oraison funèbre de sainte
Blandine, au lieu de Pothinus portent Focinus (3). Focinus
est évidemment une prononciation éolienne de Pothinus,
 passée des manuscrits de l'auteur dans ceux des copistes.
En effet, le F, chez lesEoliens, prend souvent la place du n,
et le ©, chez les Grecs, a le son du TH des Anglais.
Eusèbe pouvait être Grec asiatique, compatriote par consé-
quent des saints Pothin et Irénée, et, mieux encore, de la
famille de l'un d'eux.
    L'origine, la qualité, les titres de cet évêque ainsi établis,
nous pouvons avec une entière liberté, passer à l'examen
de ses Å“uvres.
   Nous avons fait voir dans le petit poème De laudibus
Domini l'école lyonnaise s'efforçant, au IVe siècle, de dégager
de ses langés une littérature chrétienne ; nous allons aujour-
d'hui la montrer en possession déjà de genres de composi-
tion inconnus à l'antiquité classique, et traçant, hors de


  (1) Voir ci-dessus, ch. I, p.    et p,
   (2) N° 8, série 11. (Monfalcon, Histoire de Lyon, II, 1318.)
   (3) Beatus frater Focinus ecclesiœ hujiis antistes. [Homel. de sanctâ
Blandinà.)