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274 LA DOMBES. c'est un théâtre, ou encore, c'est un tribunal, mais à coup sûr, il ne dira jamais c'est l'église de la Magde- leine. Nos descendants ne seront-ils pas en droit de croire, après cela, que nous avons renoncé à notre histoire et à la religion de nos pères ? ne devront-ils pas supposer que le climat s'est modifié au xixe siècle, que les habi- ludes ont changé, enfin que nous vivons à la romaine. Nous avons pris un long détour pour revenir à notre sujet, mais nous y voici. L'église de Saint-Paul-de- Varax, construite probablement dans les dernières an- nées du xie siècle, représente admirablement son épo- que. Elle est naïve, croyante, simple quoique élégante, grave, sans affecter la rudesse des formes. On y respire comme un parfum de croisades. On partage à sa vue la ferveur chevaleresque des Godefroi et des Bernard. Il ne peut exister qu'une voix sur son usage primitif ; c'était le lieu sacré où quelque grande famille se réunis- sait pour prier en commun. Elle était commode, sans nul doute, et le serait encore à peu de frais. Enfin elle trahit son âge, quoiqu'elle ne soit ni datée ni signée ; il en est d'elle comme de ces nobles femmes, vraies et peu co- quettes, qui se font une panne de leurs cheveux gris, et sur le front desquelles on lit une vie simple et toute maternelle, sans consulter la mémoire de leurs contem- porains. Saint-Paul-de-Varax cessera d'être le reflet d'un siècle que nos annalistes ont défiguré, le jour où on l'aura affu- blé d'une restauration comme on en voit faire à chaque instant. Il est vrai qu'alors l'économie municipale y trouvera indifféremment une école, une mairie, un mar-