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230                   LYONNOISIANA.

au bout d'une année, heureux d'y aller chrétiennement,
non porté par un corbillard et escorté par des fiacres.
Pendant cette année suprême, il ne bougea de son lit,
racontant ses douleurs à un vieux prêtre, épave comme
lui du temps passé, ancien habitué de la paroisse de
Sainte-Croix, sachant à fond toutes les rubriques de la
liturgie lyonnaise, et disant toujours en parlant de
l'archevêque : Monseigneur le Primat de France.
    Ainsi finit Violette. Dieu veuille avoir en pitié ses
 petits travers et compenser par une éternité bienheu-
reuse les déboires de son existence.
    Ajoutons que Violette mourut pauvre, car il ne com-
prit jamais ce que c'était que les affaires et donnait
beaucoup. ïl vivait du revenu d'une petite maison louée
 deux mille livres, location qu'il n'avait jamais songé à
augmenter. En 1835, on l'expropria pour aligner la
rue: Sa maison lui fut payée quarante mille francs,
 capital au cinq du revenu. Il plaça le capital chez un
 notaire, ne trouvant plus de maison à acheter à ce prix-
 là. Le notaire fit banqueroute et il ne sauva que la
 moitié de la somme, avec laquelle, à force de privations,
 il put se soutenir, se servant lui-même et n'ayant pour
 commensal qu'un barbet boiteux, le dernier des barbets
et des amis fidèles.


                  LYONNOISIANA

  Alphonse de Richelieu, archevêque de Lyon et frère du
célèbre ministre de Louis XIII, fut, dit-on, le premier en
France qui fit usage de chocolat. « Il s'en servoit, dit le
P, Bonaventure d'Argonne, en ses Mélanges, pour modérer