Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
 180     OBSERVATIONS SUR LES NOMS DES PEUPLES GAULOIS.

 mains, et ces noms nouveaux ont fait perdre le plus sou-
 vent les noms anciens que ces villes possédaient, et dans
 les noms anciens que quelques villes ont conservés, des
 finales latines ont été ajoutées, des lettres et des syllabes
 étrangères ont été assez souvent introduites.
    Il est fâcheux que la langue celtique avec ses dialectes
 se soit perdue et qu'on n'en ait conservé aucun docu-
 ment (1), à peine en resle-t-il quelques traces dans notre
langue et dans les dialectes ou patois de nos provinces. Ce
 sont surtout les langues bas-bretonne et galloise qui ont
 conservé le plus de traces de cette langue antique. Comme
tous les noms d'hommes, de villes, de peuples avaient une
signification particulière, ces noms auraient pu nous don-
ner quelque indice de l'état, de la position des villes, du
caractère, des prétentions des nations et des particuliers.
Ainsi, pour citer le peu d'exemples que nous pouvons ap-
porter, Armorickest composé à'ar, article conservé dans le
bas-breton, et de mor, la mer. Les Ségus ou Ségusifs pre-
naient leur nom du seigle cultivé particulièrement dans leur
pays. {Sègal, en bas-breton, un de ces nombreux mots que
les Gaulois ont fourni aux Latins.) Ambarri, Ambar, ont
leur nom composé à'am, particule d'assemblage, d'où est
venu le mot français hamel, hameau, et de bar, fort, coura-
geux, réunion d'hommes vaillants, belle épithète que ce
peuple n'a pas déméritée, vu les conquêtes qu'il a faites en
Italie et l'empire qu'il y a fondé, comme je crois l'avoir indi-
qué dans une dissertation précédente sur les Ambarri.
                                               L'abbé JOLIBOIS.

    (1) La cause principale qui a fait disparaître la langue celtique, c'est sa
privation de caractères et de lettres d'écriture. Les Celtes étaient obligés
do se servir de caractères grecs, comme nous l'apprenons de César, quand
ils voulaient communiquer leurs pensées à ceux qui étaient éloignés d'eux.
Ces caractères grecs leur avaient oie transmis sans doute par les habitants
de Marseille, colonie que les Phocéens avaient établie sur les côtes méridio-
nales de la Gaule.