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                        CINQ-MARS ET DE THOU.                             117

nus tuas, » etc. — Et lors ses bras commencèrent à
trembloter en attendant le coup, qui luy fut donné tout
au haut du col, trop près de la teste. Du quel coup son
col n'estant coupé qu'à demy, lé corps tomba au costé '
gauche du poteau, à la renverse, le visage contre le ciel,
remuant les jambes et les pieds et haussant faiblement
les mains. Le bourreau le voulut renverser pour achever
par où il avait commencé; mais,effrayé des cris que l'on
faisoit contre luy, il luy donna trois ou quatre coups sur
la gorge, et ainsi lui coupa la (este, qui demeura sur
l'échafaud.
    « L'exécuteur l'ayant despouillé, porta son corps, cou-
vert d'un drap, dans le carrosse qui les avoit amenés
(cela s'entend naturellement des deux suppliciés); puis
il y mit aussi ceiuy de M. de Cinq-Mars et leurs testes,
qui avoient encore toutes deux les yeux ouverts, parti-
culièrement (celle de) M. de Thou, qui sembloit estre vi-
 vante. De là ils furent portés aux Feuillants, où M. de
 Cinq-Mars fut enterré devant le maisfre autel; M. de
 Thou a esté embaumé et mis dans un cercueil de plomb
pour estre transporté en sa sépulture, » etc. (1)
                                                          F . ROLLE.

   (1) Ici se termine la partie véritablement essentielle do cette Relation,
que l'auteur prolonge encore de quelques alinéas qu'il consacre exclusive-
ment à des réflexions philosophiques sur la fin si horrible et si prématurée du
jeune favori de Louis XIII et de son ami de Thou ; sur l'inconstance de la
Fortune, l'incertitude des choses de ce monde et la fragilité de notre na-
ture. Celte conclusion édifiante n'ayant point de rapport avec notre affaire,
nous n'en parlerons pas autrement.