Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                        BIBLIOGRAPHIE.                       79
   Ainsi, arrivé sur la planète Mars, vous rencontrez d'abord
deux caporaux du régiment fantastique, Charles V et Fran-
çois 1 er , qui, en vrais soldats célestes, n'appellent pas les
habitants de la terre des pékins, mais des terriens, avec cette
petite pointe de dédain que l'on rencontre dans le militaire
terrestre. La connaissance faite, une discussion s'engage entre
le terrien et Charles V sur le matérialisme et le spiritualisme;
puis François 1 er , qui a des goûts plus substantiels, invite
le visiteur à déjeuner et l'emmène chez la cantinière Cathe-
rine, ex-impératrice de Russie, laquelle, d'humeur peu endu-
rante, est toujours prête à souffleter celui qui la contrarie
dans ses idées; mais François 1er rétablit l'ordre, afin d'écou-
ter les nouvelles qu'on lui apporte de la terre.
    On voit par l'exposé de ce simple chapitre a quelle source
de récréation l'on peut puiser, car tout le livre est écrit sous
cette forme moitié plaisante et moitié sérieuse.
    Quant au fond, c'est la lutte du matérialisme et du spiri-
tualisme. Je recommande a ce propos le chapitre intitulé :
A la bibliothèque. Constance II conduit le terrien auprès du
bibliothécaire Ptolemée Philadelphe, et l'on assiste ù a jne
discussion des plus intéressantes sur les athées et les déis-
tes spiritualistes. On voit que c'est de l'actualité.
    Je n'approuve pas toutes les doctrines de M. Dazur. Le
déisme est un progrès sur l'athéisme, mais il y a toujours
dans le déiste pur un fond d'orgueil rationaliste qui l'empêche
de tirer les conséquences pratiques de sa croyance en Dieu ,
et qui fait que finalement il a tous les airs d'un panthéiste.
Que M. Dazur , qui me paraît un esprit droit, y réfléchisse
bien. Ce n'est pas tout de croire en Dieu, encore faut-il ne
pas se créer à sa fantaisie et vouloir qu'il s'abaisse assez
pour n'avoir plus pour nous aucun mystère. Ce serait niveler
l'infini sur le fini, autrement dit, nier ce que l'on a d'abord
 affirmé.                                H. PELLERIN.
           (Le Pays.)