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BIBLIOGRAPHIE. 75
Il y a cependant quelque règle en ce désordre. Avant de
connaître Astrée, il faut savoir les origines des d'Urfé,
cette famille artiste de la terre de Forez. Il faut rechercher
comment se sont développées chez eux cette tendance litté-
raire, ces aptitudes d'art portées à leur apogée par Honoré.
Leur naissance romantique, les drames de leurs manoirs,
leurs alliances illustres n'ont pas été sans influence sur
leurs traditions; le milieu dans lequel ils ont vécu a modifié
leur goût natif. Il faut connaître plus particulièrement les
conditions dans lesquelles s'est développé le beau génie
forésien, pénétrer les secrets de son érudition immense et
de ses ressources de l'antiquité, expliquer sa riche imagi-
nation, son amour du paysage natal qu'il a su si bien dé-
peindre.
L'histoire exacte et la généalogie de la famille nous ont
été données déjà ; les qualités littéraires des œuvres et
surtout de l'Astrée ont été longuement étudiées, louangées,
vers et prose. On y trouve dans une forme surannée, em-
brouillée d'épisodes, prompte a rebuter le lecteur superfi-
ciel : « Des singularités, des intuitions, des presciences
« inattendues, une préciosité piquante pour qui n'est point
« enrégimenté dans l'ultra-réalisme. » Mais a-t-on décou-
vert l'Astrée ? Les clefs ont-elles ouvert quelque chose ?
A-t-on saisi le sens intime, la moelle, l'enseignement?
Pour le trouver, l'auteur étudie longuement, laborieuse-
ment la société qui précède celle qui lira l'Astrée. Il sonde
l'époque bouleversée qui prépare l'avènement du livre.
Trouvera-t-il dans la Ligue un temps d'organisation, une
création, un pas fait par l'humanité? 11 y voit le chaos, le
tressaillement d'un vieux monde, pas une grande figure
d'homme et surtout de femme ; des monstres, hypocrites,
traîtres, sanglants, des Bons Chrétiens, des Réduits en
masse. De ces troubles moraux et religieux plus encore que