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480 UN ENFANT DE CHOEUR. position ; nous fumes même invités à déjeûner par le chef de poste, qui nous servit d'excellente venaison. Mon bon- heur dérisoire m'a suivi en Italie. J'entre h Rome par la porte du Peuple; je cours a l'école de Liège; toutes les places étaient prises; sans mon étoile, mon voyage était sans fruit ; je perdais tout, jusqu'à mes études chéries, la seule distraction h ma douleur. A peine le directeur a-t-il appris mon nom, que toutes les difficultés s'aplanissent; les portes de l'Ecole s'ouvrent devant moi. 11 n'y avait plus de place ; on en fait, et mon compagnon de voyage, entraîné dans le cercle fatal de mon bonheur, est admis pour ainsi dire à ma suite, uniquement, a ce qu'il semble, parce qu'il s'est montré mon ami. C'est alors que j'ai rencontre cet excellent Capuzzi. Il vint h l'Ecole deux jours après mon arrivée ; il voulut bien s'intéresser à moi ; il examina mes cahiers, mes essais dra- matiques, et tout a coup il s'éprit pour moi d'une amitié que les âmes d élite peuvent seules ressentir : il voulut lui- même m'initier a ces pénibles études du contrepoint qui ont occupé mes veilles depuis deux ans. Hélas ! ne fallait-il pas me réfugier dans la sainteté du travail pour oublier.... Il y a un mois a peine, j'exprime h Capuzzi le vœu de laisser un peu la grande musique d'église qui ne grossissait pas ma bourse, pour m'essayer dans la musique de théâtre, et deux jours après, l'imprésario vient m'apporter le livret des Ven- dangeuses; il recule la représentation d'un opéra en trois ac- tes du maestro napolitain Terradelas pour représenter plus tôt mon intermède. Oh! si j'avais revu ma petite Jeannette, mon bouton de rose des Pays-Bas, je serais un homme heu- reux. Mais quoi ! Capuzzi lui-même ne m'a-t-il pas appris que le comte Pepoli, après avoir marié sa fille au neveu du prélat, gouverneur de Rome, est parti pour Copenhague en qualité d'envoyé extraordinaire? La comtesse est morte. Nul