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294 INCURSIONS DES BOUTIERS. de seigneurs français qui voulurent prendre pari à l'e'xpê- dilion (1) ; parmi eux, était Antoine, sire de Beaujeu, fils d'Edouard de Beaujeu, tué au combat d'Ardres (2) ; Limousin dont nous avons parlé, fil aussi partie de l'expédition ; il avait une compagnie sous ses ordres : l'armée des Routiers était sous le commandement nominal d'un jeune prince, Louis de Bourbon, comte de la Marche, [ils de Jacques de Bourbon, défait et tué à Brignais, par les Tard-Venus. Arrivé devant Avignon , Du Guesclin demande au Pape deux cent mille florins et l'absolution pour lui et pour les compagnies ; un cardinal lui répond : « Seigneur, li nombre est trop grans ; Vous serez bien assrjubz, de ce ne suis doubtans, Mais de l'argent baillier ne sui point respondans. » Du Guesclin réplique •. « Sire, il convient avoir tout ce entièrement Que li maréchaux a demandé en présent ; (1) Hist. de Bertrand Du Guesclin, par messire P. II. , seigneur de C. (2) Edouard de Beaujeu ,.maréchal de France , fut blessé mortellement dans ce combat (1351) en poursuivant imprudemment un corps nombreux d'Anglais qui commettaient des dévastations jusqu'aux portes de Saint- Omcr, malgré la trêve. Son frère, Guichard de Bcaujcu, seigneur de Per- rcux et d'autres seigneurs français accouraient à son secours ; Edouard de Beaujeu n'avait pas encore rendu le dernier soupir; il eut le temps d'à . dresser à son frère les paroles suivantes que nous empruntons à Yroissart, qui a fait de ce combat d'Ardres un récit comme il savait les faire. « Beau frère, je suis navré (blessé) à mort, ainsi que je le sens bien ; si vous prie que vous relevez la bannière de Bcaujcu qui oncques prise ne fust, et pensez de moi contrevenger ; et si de ce champ partez en vie, je vous prie que vous soigniez d'Antoine mon fils, car je le vous recharge ; et mon corps faites le reporter en Beaujolois ; car je veux gésir (reposer) en ma ville de Belleville. De longtemps a y ai-je ordonné ma sépulture. » Guichard de Beaujeu mit les Anglais dans une déroute complète ; avant d'expirer, Edouard de Beaujeu put apprendre la défaite de l'ennemi. Guichard de Beaujeu fut tué à la bataille de Poitiers (1356).