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                    UN ENFANT DE CHCEtIR.                   481

 n'a entendu parler de ma Jeannette. Elle a été renvoyée,
 peut-être ! Les riches quelquefois ont le cœur si dur ! Peut-
 être mendie-t-elle ! Peut-être encore la faim, la misère l'au-
 ront-elles conduite à la débauche !
    Eu disant ces mots , le jeune homme tomba dans une
 profonde rêverie ; il en fut t'ré par la pression amicale d'une
 main posée sur son épaule.
    — Eh quoi ! s'écria un petit vieillard, encore de la mé-
lancolie ! Vite au piano, mon jeune maître; la musique est
la panacée universelle pour quiconque a de la poésie au
 cœur; elle est, sinon le remède, du moins l'adoucissement
à bien des maux ; la musique, en élevant notre âme, amoin-
 drit nos chagrins, elle attendrit même les noirs esprits de
l'enfer et dissipe leurs ténébreuses inspiralions. Vite au
piano ! l'imprésario attend, les chanteurs sont prêts , et le
compositeur sommeille ! Qu'est-ce à d're?
   Le jeune homme se leva lentement et se dirigea vers -le
 piano.
    — Vous avez raison, mon bon Capuzzi, dit-il, la musi-
que est la seule consolation qui me reste !
   Le vieillard s'assit à la place que venait de quitter son
jeune ami, et prit l'attitude d'un critique et d'un juge, tan-
tandis que son élève laissait courir ses doigts sur les tou-
ches. Chaque fois qu'un motif nouveau s'échappait du sein
de l'instrument, comme d'une riche source où l'on puiserait
toute mélodie, Capuzzi exprimait hautement sonvblàme ou
son approbation, et selon qu'il approuvait ou désapprouvait,
le motif était poursuivi ou interrompu.
   — Ceci ne vaut rien, s'écriait-il -, nous allons à la noce ,
et votre musique nous mène à l'enterrement. — Ah ! voila
une phrase quelque peu entortillée qui ressemble a de la
musique par trop française ! — Bon, voici que vous com-
mencez une marche héroïque : halte là, mon jeune ami, ce