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472                 UN ENFANT DE CHOEUR.

que. Heureusement son cri avait été entendu ; il fut réveillé
de son engourdissement par la voix effrayée d'une petite
fille qui était accourue. Elle tirait de toute sa force le pan
de l'habit de n^tre jeune héros, et tout en tirant l'habit,
elle appelait d'un* voix où l'inquiétude se mêlait à la
crainte :
   .— Relève-toi, relève-toi, disait-elle, tandis que déjà des
pleurs entrecoupaient sa voix; réponds-moi donc!
    A force d'être secoué, l'enfant reprit ses sens; il se leva,
jeta sur la petite fille un regard de reconnaissance et d'amitié.
    — T'es-tu fait beaucoup de mal? dit-elle.
    — Un peu, a la tête, répliqua l'autre. Vois toi-même,
Jeannette, je crois qu'il y a du sang.
    Par un grand hasard, la lanterne n'était pas éteinte. Jean-
nette alla la ramasser el vit que son petit compagnon avait le
front légèrement déchiré. Elle le lava doucement avec un
peu de neige et se servit d'un mouchoir qui couvrait sa t§te
pour essuyer la pet'te plaie ; quand cette opération fut faite,
le blessé se sentit soulagé.
    — As-tu bien froid? dit-il.
    — Oh ! oui, et toi?
    — Pas autant que toi. Frappe tes mains sur les miennes et
tape du pied a terre, cela t'échauffera. Tiens, comme cela !
    Et les deux enfants commencèrent a grand bruit un exer-
cice qui les eut bientôt essoufflés,sinon réchauffés tous deux.
La petite fille s'arrêta la première'.
    — Notre voisin le menuisier, dit-elle, tu sais, celui que
ma tante appelle toujours vieil ivrogne, a mis ce matin dans
mon panier une petite bouteille, en disant : « Tiens, ma pe-
tite, ce qui est amer à la bouche est doux au cœur, voilà
pour te garantir du froid. » Veux-tu que nous le goûtions?
    Le jeune compagnon de Jeannette ne se fit pas prier ; il
prit la bouteille, l'appliqua à ses lèvres et la retira aussitôt.