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DE LA FRANCE. 57 CHOVIZ saunier, SABO tailleur, et cent autres. Cependant on peut toujours contester les noms propres: mais non les noms communs. Reprenons, pour vider la question, le dernier terme qui nous est déjà connu, et essayons de le suivre dans le dictionnaire usuel. Sabine, se laisserait traduire moyennant SAB, qui blesse ou qui délivre ; sens odieux mais assez probable , car une autre plante aborlive, RUTA la rue, paraît signifier en sans- crit, herbe à sang. Sable, dans le blason, traits croisés, emblème de la règle de chevalerie? SABALY, règle, loi, ordonnance. SABALYOZ, régler, dans toutes les acceptions. Sabler le vin. Le boire selon l'ordonnance, c'est-à -dire, à tour de rôle et en vidant la coupe ? Sablier, longue pièce de bois entaillée régulièrement pour recevoir les soliveaux. Sabot, chaussure, sabord, embrasure: découpé. Le sabot des solipèdes est, en slave, KOPYTO : un terme confirmant l'autre, le sabot signifie tronçon, moignon, un pied mutilé qui a les doigts coupés. Le sabot jouet d'enfanl , doit avoir un sens analogue, car le volant qui tourne également sur un bout est en breton SKOPITEL. Et les mots affectés de métaplasme, depuis ZOCB qui est, comme son et comme sens, le prototype du couper, jusqu'à ce dernier mot, par exemple? Notons, en langues toura- niennes ZABAL, dévorer, (à la lettre : attaquer les vivres à coups de dents, de zoubs) ; en langues sémitiques ZEEB celui qui dévore, le loup ; et chez nous ce qui est dévoré : SOOBEN en breton, ZOPA en basque, la soupe, tranches de pain. Voilà à quoi se réduisent les infranchissables abymes entre les familles des langues quand on y regarde de près ! De la soupe au chapon, il n'y a qu'un pas, en philologie. Le CHAPON est le poulet coupé, comme TSAP est le bélier coupé