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INCURSIONS DES ROUTIERS. , 265 à toutes sortes d'excès, violant les vierges, les religieuses et les matrones (1) ; il annonce qu'il a fait prêcher une croisade contre eux et accorde des indulgences à ceux qui voudront en faire partie. La France ne pouvait envoyer des secours au Pape; le baronnage français n'était pas même assez puissant pour com- battre les bandes de Routiers qui dévastaient ses possessions; le Pape fut obligé de traiter avec ces forbans, en leur payant trente mille florins (2) ; ils évacuèrent Pont-Saint-Esprit au mois de mars 1361 (3). Au mois de novembre 136Ô, le nombre des Routiers s'était accru considérablement en France; le 24 octobre, le roi d'Angleterre avait donné l'ordre d'éva- cuer tous les forts qui appartenaient au roi de France et de licencier les garnisons; cette mesure qui devait compléter l'exécution des conditions de paix, avait été différée jusque là parce qu'un à -compte de six cent mille écus d'or, sur la rançon du roi Jean, fixée à trois millions, n'avait pas encore été payée. Nous laisserons maintenant la parole à Froissart, qui sera presque notre unique guide. Après avoir donné le texte de l'ordre d'évacuer les forts, Froissart ajoute : « Là avoit aucuns chevaliers et écuyers de la nation d'An- (1) In virgines, moniales, matronas , lœso décore pudicitiœ turpiter sœ- vientes. Epist. Innoc. VI, apud Martem. (2) Deuxième vie d'Innocent VI, dans Baluze. (3) C'est ce. qui résulte d'une lettre, écrite par le Pape à Jean, roi de France, le IX des calendes d'avril (24 mars 1361). Le Pape lui dit dans cette lettre que Robert, seigneur de Saint-Ulpide, ayant appris que des Routiers qui se faisaient appeler la Grande Compagnie [magnant soeielaiem), faisaient la guerre dans son royaume, à la manière des brigands, ainsi que l'avaient faite ceux par qui le lieu de Saint-Esprit avait été occupé, il lui offre ses services contre ses ennemis. 18