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DU PRÉTENDU PASSAGE DE SAINT PAUL A LYON (1). Un excellent petit recueil, rédigé par des hommes aussi honorables qu'instruits et éclairés, vient de développer, dans ses premiers numéros, une opinion qui attaque les traditions primitives et constantes de l'Eglise de Lyon. Ainsi, d'après la Semaine religieuse, le premier et le plus ancien siège des Gaules ne devrait pas son établissement à saint Pothtn mais à saint Paul. Cette légende n'csi pas nouvelle, elle remonte à Rubys, mais elle a été complètement rejetée ou plutôt dédaignée par tous les écrivains sérieux qui se sont occupés de notre histoire locale. Réfuter en détail une erreur si malencontreusement renouvelée c'est une tâche que j'essaierai peut-être un jour si la Revue du Lyonnais veut bien accepter un semblable travail ; pour le moment, je veux me contenter d'apprécier à grands traits l'argumentation de la Semaine religieuse. M. Adrien Peladan divise son étude en deux parties. La première tend à prouver que saint Paul exécuta le dessein, qu'il annonçait dans son épîlre aux Romains, de se rendre en Espagne, et, pour le démontrer, il s'appuie sur le sentiment de plusieurs Pères grecs qui, en effet, ont prétendu, en dépit de toute critique historique, que l'apôtre des Gentils avait évangélisé l'Espagne et la Gaule. Cette première dissertation est toute empruntée à un travail publié par M. l'abbé Latou dans la Revue des sciences ecclésiasti- ques; mais ce n'est qu'un amas de citations alléguées sans aucun examen et ne pouvant, dès lors, fournir de preuves sérieuses. En outre plusieurs de ces citations sont vagues ou tronquées, d'autres ne sont que des redites répétées pour faire nombre, quelques-unes même sont absolument apocry- phes et eontrouvées, et enfin, M. Peladan, ne se rendant pas bien compte de ce que l'on entend par Père de l'Eglise, allègue comme tels tous les au- teurs insérés dans la Patrologie de l'abbé Migne. Mais ce qui est plus grave, c'est, que le directeur de la Semaine religieuse omet complètement les textes défavorables à son opinion, et notamment les témoignages des écri- vains et des Pères latins qui la contredisent, tels que ceux du pape Gélase, de saint Jérôme et de saint Thomas d'Aquin. J'ai regret de le dire, mais cette façon d'argumenter est fort compromettante pour le savoir, sinon pour la sincérité du critique. Dans la seconde partie de son travail, M. Peladan s'efforce de démontrer le passage de saint Paul à Lyon même ; mais alors les témoignages qu'il apporte sont complètement illusoires et quelquefois ridicules. Il cite ainsi (1) Malgré la vivacité de cette réponse, nous l'avons insérée avec empressement, bien per- suadé que le savoir pas plus que l'amitié des deux adversaires ne peut recevoir aucune atteinte de cette discussion. . A. V.