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                          DE SAINT PAUL A LYON.                             465
 plus malheureux encore à l'égard de saint Thomas d'Aquin. Après avoir
  cité en sa faveur les commentaires de ce saint sur les épîtres de saint Paul,
 il croit pouvoir les rejeter quand je les allègue contre lui ; il a écrit ainsi
 dans sa réfutation que, d'après le P.Touron, il est douteux que ces commen-
 taires soient de saint Thomas. A celte assertion inouïe, je pensais d'abord
 qu'il s'agissait d'un écrivain adversaire de l'Immaculée-Conccption qui
 rejetait cet ouvrage à cause du fameux, passage qui y a été intercalé au com-
 mencement du XVI e siècle ; mais, en lisant le chapitre du savant domini-
 cain, consacré aux ouvrages douteux de saint Thomas, je reconnus bientôt
 que M. Pcladan avait commis la plus étrange méprise. En effet, le P. Touron
 dit [Histoire, de saint Thomas. Paris, 1734, p. 714), que l'on ne peut pas
 décider si le docteur angélique- est l'auteur des commentaires sur les sept
 épîtres canoniques, lesquelles, comme on le sait, sont celles de saint Jac-
 ques, de saint Pierre, de saint Jean et de saint Jude, et non pas celles de
 saint Paul ; le nombre seul de ces dernières, qui s'élève à 14, aurait dû
 suffire pour éviter à mon contradicteur une pareille méprise. D'ailleurs
 pour le convaincre pleinement, voici comment le biographe parle des com-
 mentaires sur les épîtres de saint Paul par saint Thomas d'Aquin (p. 181)
 « Les commentaires sur toutes les épîtres de saint Paul parurent bientôt
 « après la Somme contre les gentils ; et ils ne firent pas moins d'honneur
 « à l'érudition qu'à la piété de l'auteur. » Et plus loin (p. 182) « Il est aisé
« de juger par la beauté de ces commentaires, aussi bien que par la répu-
« tation de l'auteur avec quel applaudissement ils furent reçus du public
« et admirés parles plus habiles. » Après cela, il m'est bien permis d'in-
voquer une autorité aussi puissante. Or voici l'opinion du Docteur angé-
lique sur le fait en litige entre M. Peladan et moi. Ii cite d'abord le texte
de l'épître Proficiscar per vos in Hispania, puis il ajoute : Sed videtur hic
Apostoius falsum dicere, numquam enim in Hispanio fuisse legilur, après
cette déclaration, il résout la difficulté théologique, en «'appuyant sur l'au-
torité de saint Gélase : et sic etiam suivit Gelasius papa et habetur in de-
cretis. Je ne vois pas ce que M. Peladan peut demander de plus catégori-
que (1).

  Voilà pour le voyage d'Espagne.
  En ce qui touche le passage du saint à Lyon, j'avais fait remarquer que

   (1) Ces autorités suffisent et au-delà pour détruire le sentiment des
Pères grers et des Latins qui les ont suivis aveuglément; mais si j'avais voulu
faire nombre comme les défenseurs de.cetle erreur historique, j'aurais pu en
citer plusieurs autres^ tels que Euscbe, Origène, Primas, évêque d'Utique au
VIe siècle qui dit formellement à ce propos : Promiserat quidem sed dispen-
sante Oeo non ambulavit, Hugues de Saint-Victor, Scot, etc.