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460                        DU PRÉTENDU PASSAGE
cette opinion avancée par Rubys avait été dédaignée par tous les historiens
postérieurs à cet écrivain. M. Peladan ne tient nul compte de cette remar-
que essentielle, il se contente de me reprocher l'épitliètc de bonhomme
que j'ai donnée à noire vieux chroniqueur. Personne n'ignore que ce mot
s'applique à des auteurs naïfs et sincères, même dans leurs erreurs ; c'est
ainsi qu'on en a qualifié La Fontaine et cent autres et qu'un habile critique
du XVII e siècle disait du célèbre auteur des Annales ecclésiastiques :
« Le bonhomme cardinal Baronius          >> A ma huitième objection où je lui
faisais observer que ses auloiités se bornent à des auteurs modernes,
M. Peladan réplique en m'alléguant la vieille erreur qui fait de Crescent,
disciple de saint Paul, le premier évoque de Vienne. Sans entreprendre de
réfuter cette fausse opinion qui ne repose que sur l'altération d'un passage
de la deuxième épître à Timothéc, je ferai remarquer que les Pères grecs
Eusèbe, Théodorct,saint Epipliane, qui ont tenu à l'accréditer, n'ont pas dit
que Crescent était venu en Gaule avec saint Paul, mais qu'il y a\ ail clé envoyé,
d'où il résulte eue le fait de sa mission pourrait être exact sans que pour
cela le voyage de saint Paul en Gaule en fût une conséquence; au con-
traire cet envoi impliquerait plutôt l'idée que saint Paul n'est jamais venu
lui-même dans cette contrée. M. Peladan ne peut donc chercher là le
moindre argument en sa faveur.
  J'avais objecté encore contre la légende, l'ignorance d'un auteur ano-
nyme (1) longuement analysé dans la Semaine religieuse, et dont les opi-

   (1) Ici se place un fait assez curieux, qui caractérise très-bien la polé-
mique de mon honorable adversaire. J'avais dit dans ma critique (p-5) que
deux charles empruntées à ce manuscrit n'étaient pas ineciites- M. Peladan,
au lieu de répondre simplement, cherche à se dérober à des explications par
une phrase evasive : « Que le crilque mette des lunettes, dit-il, qu'il relise,
et nous lui prédisons qu'il restera une éternité à justifier son allégation- »
Puisque M. Peladan l'exige, je vais le satisfaire et juslifier mon allégation.
   La suscription de la l r ''charte est ainsi donnée dans la Semaine religieuse,
p. l i t : M Christi nomme, diiecta atque milû filin nomme Adollruda sponsa
Chrisli benedicta ad monasterium qui est dediculum sancli Pelri. Ego Gon-
tranus, etc. Dans la Gallia Christiana, (t. IV. Instr. col. 1), celte formule
est la même sauf le solécisme dedieatum sancti Pelri, qui est remplacé par
cette cxpi es-ion plus correcte dedicalione sancli Pelri. La dissemblance ne
se manifeste qu'à partir de Ego Contraints qui doit avoir été mal lu ou mal
copié dans le manuscrit. Il serait assez cxtraoïdinairc que deux documents
différents eussent les mêmes formules et les mêmes noms. Pour la se-
conde iharlc, l'identité n'est pas moins évidente, maigre les altérations
de la transcription donnée par la Semaine religieuse. Elie est ainsi repro-
duite : In nomine omnipotenlis Dei et Domini noslri Jhesu Christi Clolarius
divina procurante clementia Rex... et dans la Gallia Christiana (ibid.,
col. 4) -. In nomine omnipotentii Dei et salutaris nostri Jhesu Chrisli Hlota-
rius divina preveniente clementia Rex.. .Mais ce qui n'est pas moins concluant,