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                         DE SAINT PAUL A LYON.               '             463
 passage du saint, surtout s'il faut adopter le texte de saint Jérôme, allégué
 dans la Semaine religieuse (p. 55), « Saint Paul fut porté en Espagne par
 des vaisseaux étrangers. » Lyon n'a jamais clé port de mer, que l'on sache.
Maigre cela Je soulevais conire celte thèse trois objections graves. Je
disais d'abord que cette opinion était plus particulière aux Pères grecs, et
qu'en cela ils ont manqué de critique ; j'émettais là, sur la méthode cri-
tique de ces grands génies, une opinion qui ne m'est point personnelle, et
pour me justifier, je me contenterai de citer, à défaut d'aulrc, un passage
de Sablier qui me revient en mémoire : « Les Pères des quatre premiers
siècles, dit cet érudit, avaient plus de zèle que de critique. » A cette pre-
mière observation j'ajoutais que les textes cités étaient, pour la plupart,
vagues, tronqués et apocryphes cl qu'un grand nombre ne faisaient que se
répéter. M.Peladan, pour autoriser ses citations,me répond imperturbable-
ment : « Nous avons indiqué la page et la colonne où se trouve chaque
texte cité. » Evidemment M. Peladan n'a pas compris mon objection, je la
renouvelle donc en y joignant des exemples pour me faire entendre. J'ap-
pelle texte vague celui du pape saint Clément, texte tronqué celui du
canon de Muratori, qui est si bfcn altéré qu'il a déjoué la science de
Freindaller et de Joseph Roulh; rcdiles, les citations empruntées à saint
Athanasc, saint Cyrille, saint Jean Chrysoslôme, saint Grégoire-Ic-grand,
saint Isidore, saint Anselme, etc. ; textes controuvés ceux de Flavius Dexter,
dont la chronique est reconnue apocryphe (1). L'honorable directeur dj la
Semaine ne relève pas le reproche que je Lii ai adressé de citer comme
Pères de l'Eglise, tous les auteurs insérés dans la Patrologîe, et il retombe
encore dans celte même faute en alléguant comme tels Flavius Dexter,
Vcnancc Fortunat, l'abbé Rupcrt, etc.

   Ma dernière objection contre le voyage d'Espngne était irréfragable au
point de vue de l'autorité : elle se basait sur l'opinion formelle d'un pape
et de deux grands docteurs de l'Eglise : saint Gélase, saint Jérôme et saint
Thomas d'Aquin, et mon aident adversaire de s'écrier alors : « Nous por-
tons défi à qui que ce soi! au monde de nous montrer dans les Pères et les his-
toriens ecclésiastiques jusqu'au XIII e siècle un seul mot où paraisse l'ombre

voyage de saint Paul en Espagne far la Gaule. » Il n'y a pas un seul mot
dans aucune de ces citations qui puisse juslifier le passage du saint par
la Gaule.
   (1) La fausse chronique de Dexler a élé entièrement écrite pour
prouver que l'Espagne avait été évnngéliséc avant toutes les auircs
contrées du monde si ce n'est la Palestine Elle aura un compte à
régler avec M. Peladan qui a écrit (Semaine, p. 38) « que les lettres de no-
« blesse de l'Eglise de France, sont les premières du monde après celles
« de l'Italie. » Flavius Dexter est d'un avis tout opposé.