page suivante »
436 HISTOIRE DU ÇEAUJOLAIS grossir le trésor. A la moindre querelle, rixe, procès, etc., le prévôt accourait pour faire l'affaire de son maître et au besoin la sienne. Aussi une des plus vives préoccupations des bourgeois est- elle de s'affranchir, autant que faire se peut, de l'intervention seigneuriale , toujours coûteuse , même quand elle était gratuite. Ainsi ils stipulent que les joursde foire ils pourront prendre gage les uns les autres sans que le seigneur ail rien à perce- voir (1). En plusieurs articles, notamment en l'art. 50, à propos d'un fait illicite commis par un bourgeois, il est dit : Si aucune'plainte n'est portée, le prévôt ni personne ne doit s'en mêler. Aux art. 20 et 22 au sujet des querelles, il est dit expressément: « et que plainte ait été portée » même chose à l'art. 30 à propos d'injures. Si un homme ou une femme de mauvaise vie a insulté un bourgeois, et que celui-ci ou un de ses amis ait risposté par un soufflet ou un coup de poing, le seigneur n'aura droit à aucune amende (2). Si en voulant s'emparer d'un malfaileur introduit nuitamment chez lui, le bourgeois ou un de ses gens l'a blessé, il ne doit rien au seigneur (3). On voit avec quel soin jaloux le bourgeois évite le contact du prévôt. Nos chartes sont imprégnées d'un sentiment de répulsion vis-à -vis de l'autorité, poussé à l'extrême. L'idée qui domine et dirige les bourgeois, le moins d'intervention possible du seigneur dans nos affaires, conduisait droit à la suppression de ce que nous appellerions aujourd'hui le mi- nistère public. C'est là une tendance peu sociale. Mais l'excuse des bourgeois du douzième siècle est dans ce fait que le pouvoir d'alors, le pouvoir féodal était moins leur (1J Ch. de 1260 art. 71. (2) Ch. de 1260 art. 2 1 . (3) Ch. de 1331 art. 14.