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ORIGINES DE LUGDUNUM. " 431
A notre connaissance, l'épigraphie et l'histoire n'offrent j u s -
qu'ici que trois exemples de l'épithète ou formule arpagi : celui
qui nous occupe ; celui que rapporte M. de Boissieu ; celui
de Ganyniede, prince troyen, de qui le tombeau fut connu dans
l'antiquité sous le nom d'Apiexysiov (1), Monument d'un Ar-
page, c'est-Ã -dire d'un mortel disparu par l'ordre des dieux. Cette
formule paraît si peu romaine, que les lapicides latins, qui n'en
comprennent le sens ni la portée, se bornent le plus souvent Ã
la remplacer par rapte, vocatif du participe raptus, enlevé (2),
translation fidèle quant à l'idée de rapt, mais inexacte quant Ã
la pensée intime, la pensée d'immortalité.
Formule grecque, arpagi doit son introduction dans Lugdunum
aux Massaliotes, et peut-être aux Hellènes de l'Egée et de l'Asie-
m i n e u r e , établis, durant les trois premiers siècles après J . - C ,
au confluent du Rhône et de la Saône (3) ; rite gaulois, il fut
apporté dans cette métropole lorsque, ainsi que je l'ai- dit dans
mon premier chapitre, les Ségusiaves en jetèrent les fondements.
Quoi qu'il en soit, si les noms des Harpyes et de la harpe
appartiennent incontestablement à la langue d'Hésiode et d'Ho-
mère, ceux d'Arpa, Arpha, Arpus, Arphus, Arpagius, peuvent
ARPAGI, arpagi, et vs pour VIVAS, vis ; restitution d'autant plus heureuse
qu'elle est naturelle, l'incription exigeant un vocatif. (V. M. de Boissieu,
ouvr. cit., p. 487).
(1) Colonia, ouvr. cit., p. 210 et 211.— Sur les monuments funéraires,
la figure de Ganymède enlevé symbolise même une mort prématurée
(Raoul-Rochette, Mém. de l'Acad. des inseript. et belles-lettres, xm-153).
(2) M. de Boissieu, ouvr. cit., id., ibid. — La formule arpagi, revit
indubitablement dans cette autre : raptus a Diibus, que remplace sur un
monument chrétien, mais appliquée à un enfant, la mention pieuse : accer-
citus ab Angelis.
SEVEKO FILlO DVL
CISSIMO LAVRENTIVS PATER. BENEMERENTI, QVI BI
XIT ANN. I1H. ME. VIII. DIES V.
ACCERSITVS AB ANGELIS. VII IDVS. 1ANVA.
(Cf. Orelli, n°» 4608 et 4724.
(3) M. de la Saussaye, Hist. litt. de Lyon, p. 16, ch. 1.