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432                    ORIGINES DE LUGDUNUM.
être revendiqués avec non moins d'autorité par les idiomes gau-
lois. Ainsi, en gaël-irl., arbh (arph), détruire, enlever avec vio-
lence, en gaël-ers., arbhach (arphash), qui fait disparaître, des-
tructeur, arbadh (arphadh), destruction, arrachement, classe de
mots analogues au sansc. arb , détruire, frapper, enlever (1).
   Ce n'est pas tout, il semble que la consonne qui terminait le
nom du dieu diicique n'était grecque-ni latine. Les hagiographes
de saint Potin n'en auraient pas donné tant de variantes, s'ils
n'eussent éprouvé d'insurmontables difficultés à la prononcer.
Cette consonne est ch rude ou guttural , étranger en effet
aux idiomes officiels de l'empire, mais suffixe dans le mot gaélique
arbhach.
   D'un autre côté, il est important de remarquer que l'idiome
volée parlé dans la Ségusiavie possédait plusieurs mots identi-
ques de sens et d'origine aux vocables indo-européens, cités plus
haut. Le patois du petit pays de Benost, entre autres, nomme
arpie une gaffe, une perche munie d'un crochet, et celui du
Beaujolais donne au lion des armes de Beaujeu una queoùa re-
verpa, mot-à-mot en forme de harpe (2).
   Il serait aujourd'hui peut-être téméraire d'affirmer, cependant,
ce résumé des recherches de mes prédécesseurs et de mes études
particulières me paraît suffisamment établir que, parmi les Lug-
dunenses, existait une formule funéraire remontant à l'antiquité
grecque primitive, à la religion des Gaules avant J. César ; que
 cette formule annonce une divinité psychagogue, ayant pour
 fonction parfois de donner leur éternel accomplissement aux


   (1) Armstrong, Gaël. dict., aux mots arbhach, etc. — A. Pictet, De l'af-
finité des lang. celt. auec Je «anse, p. 9. — Eicchoff, Paraît, des lan-
gues de l'Europe et de l'Inde, p. 269, etc.
   (2) La harpe, h, sert encore aux astronomes à figurer la planète de
Saturne. Cette arme n'était donc pas la faux que nos iconographes mettent
aujourd'hui dans la main du temps. Sur un monument de Fompéi, la partie
recouibce de la harpe se trouve même réduite aux simples dimensions
d'un crochet, hamus (V. Antony Rien, Anliq. rom. et grecq., au mot
hamus).