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                     TRAVAUX BE L'ACADÉMIE.                     395

n'est lui-même que l'indéfini. Le caractère de l'infini est de ne
pouvoir être augmenté ni diminué. Le caractère des mathéma-
 tiques se résume parla grandeur ou l'étendue que l'âme conce-
vra toujours susceptible d'augmentation ou de diminution nou-
velle. — La célèbre formule algébrique, A divisé par 0, par
laquelle on «retend représenter l'infiniment grand, n'est autre
chose en définitive que l'impuissance de trouver un diviseur
plus petit que 0 ; c'est par conséquent la limite, l'indéfini dans
le calcul, ce n'est pas l'infini. L'indéfini est l'impuissance, l'in-
fini est la toute-puissance. Sans doute les sciences mathéma-
tiques, par leurs sublimes calculs, comme les sciences physiques,
par leurs magnifiques phénomènes, peuvent conduire à l'idée de
Dieu. Elles éclairent et confirment cette notion primitive, révé-
lée par le sens intérieur de l'âme, et. loin de dédaigner leur
secours, il faut s'en servir comme d'un précieux trésor. Toutes
les sciences viennent de Dieu, s'éclairent l'une par l'autre et re-
montent à lui, mais il faut laisser à chacune sa place, et c'est à
la métaphysique seule, c'est-à-dire à la raison, éclairée par son
sens intérieur, qu'il appartient de recevoir l'idée primitive de
l'infini. Le fini n'estlui-même qu'une idée secondaire ; il est la
négation de l'infini, la limite de l'être. Nous le comprenons par
l'infini, comme nous comprenons les ténèbres par leur contraste
avec la lumière. L'infini est sans bornes; les mathématiques sont
la science de la mesure; laissons-leur donc les grandeurs indé-
finies, qui sont l'infini de la terre ; réservons à la psychologie la
perception de l'infini, c'est-à-dire les grandeurs éternelles du
ciel.
    Tefie a paru être la pensée qui a dicté le travail que la Compa-
gnie vient d'entendre, et on ne peut que la féliciter de la variété
de ses travaux, qui tantôt interrogent la nature ou l'histoire,"
tantôt élèvent l'expérience ou le calcul, et tantôt font remonter
la pensée jusques aux idées intimes et primitives de l'âme par
la science, qui est la plus noble de toutes, comme l'âme est la
plus noble partie de nous-même et la pensée de Dieu la plus
noble inspiration de l'âme.
    M. Camille Dareste, membre correspondant, après avoir rap-