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CONCERT DE M. GEORGE HAINL (23 e année). Le concert de M. George Hainl est toujours la grande solennité de la saison musicale. Comme de coutume, un public d'élite se pressait dans la vaste enceinte de notre Grand-Théâtre. A l'attrait du programme se joignait la vive sympathie que le talent et le zèle infatigable de notre habile chef d'orchestre ont su conquérir et conserver, et une curiosité bien légitime à l'a- dresse de la dernière œuvre musicale de M. Gounod, la Reine de Saba, représentée par d'importants fragments. Dans la première partie, on a entendu avec plaisir deux beaux morceaux de M. George Hainl ; le virtuose toujours jeune, tou- jours entraînant, n'a rien à envier au chef d'orchestre, en excel- lence et en renommée. M. Danguin a fort bien dit deux grands airs ; la belle qualité de son organe, la grande allure de son phrasé musical mettent ce jeune artiste au rang des meilleurs. M. Danguin a su conquérir, du premier coup, coup d'essai et coup de maître, la faveur du public qui grandit chaque jour autour de lui. Mlle Charry, à laquelle nous reviendrons tout-à -l'heure, a chan- té, avec un brio et un entrain prestigieux, un rataplan de Verdi. Mlle Litschner a droit aussi à nos félicitations pour la manière élégante dont elle a interprété le Baccio d'Arditi. La deuxième partie se composait de fragments des deux pre- miers actes de la Reine de Saba. L'exécution des morceaux d'ensemble , de l'orchestre et de la Fanfare lyonnaise, a été au niveau de ce qu'on devait attendre d'aussi excellents éléments et de la magistrale direction de M. Gounod même. L'Introduction et la Marche triomphale ont soulevé des transports d'enthousiasme ; l'illustre compositeur et les exécutants ont à se partager fraternellement ce plein succès. La partie capitale du chant était confiée à Mlle Charry qui a mis, dans l'interprétation des magnifiques pages musicales tirées du rôle de Balkis, tous les élans de son âme d'artiste, les plus suaves murmures et les vibrations les plus éclatantes de sa voix magni- fique et complète, le style élevé de sa grande et large méthode. Les progrès consciencieux et la belle voix de M. Solve méritent aussi une belle part d'éloges. N'oublions pas de mentionner, par des félicitations sincères, le bon ensemble des chœurs. Des morceaux détachés du Christophe Colomb, de M, Félicien David, formaient la 3e partie et terminaient la soirée. Le public, comme délivré de la chaleur d'une salle comble par les délicieuses effluves de cette musique colorée et poétique, est resté jusqu'à la fin, subjugué par un charme vainqueur. Une surprise flatteuse, une ovation bien méritée attendaient