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DE LA SOCIÉTÉ A LYON. « A-t-on de l'esprit dans votre ville ? » me disait un Pari- sien de passage a Lyon. « Venez-vous en importer? » lui répondis-je. « Alors tenez-vous sur vos gardes, car vous « trouverez ici des juges attentifs. » Et je le menai passer la soirée dans un de nos salons les plus distingués, chez M. ***. Je me sers d'étoiles, non d'initiales, parce que cha- que lettre de l'alphabet, l'Y grec traditionnel lui-même, pour- raient paraître une indiscrétion. Mon ami fut reçu avec une simplicité charmante. « Vous « voyez, lui dis-je, que l'arrivée d'un homme d'esprit n'est pas « un événement parmi nous. » Je ne sais s'il se trouvait inti- midé sur ce terrain nouveau, ou si l'exemple des maîtresses de la maison i'invitaità rester naturel, mais ilcausalui-même sans prétention aucune, avec une réserve pleine de goût, ne s'empara pas de la conversation, plaça des mots vifs, rapides et heureux, et sut parfaitement écouter. Il ne dit rien de ce qu'il avait peut-être préparé, mais mesdames *** semblaient deviner tous les sujets sur lesquels il pouvait être le plus brillant, et réduit a la spontanéité il en eut bientôt tout le charme. « Vous êtes-vous ennuyé? « lui dis-je quand nous nous retirâmes. « Ennuyé ? dites, mon cher, que je suis ravi. Mais « il y a mieux ; il s'est fait en moi toute une réforme. Jusqu'Ã