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               LYON AVANT 89




                          (SUITE ET FIN)




   Quoique le négociant et l'ouvrier formassent dans la popu-
lation industrielle deux classes parfaitement distinctes, l'inter-
valle qui les séparait n'était rien moins qu'impossible à fran-
chir ; l'ouvrier intelligent et heureux pouvait sans trop de
peine s'élever à la dignité de négociant, ou, pour employer le
langage de l'époque, de maître marchand. Jusqu'en l'an-
née 1731, chacun eut le droit de vendre pour son propre
compte les objets qu'il avait fabriqués. Alors seulement, les
négociants, souffrant impatiemment une liberté qui, surtout
depuis la décadence du commerce, leur était devenue fort
onéreuse, obtinrent un arrêt du conseil d'Etat du roi, qui
obligeait l'artisan à opter entre la qualité de maître ouvrier
et celle de maître marchand. Dans le cas où il préférait cette
dernière, il lui imposait une contribution de 300 livres. Les
 murmures du peuple firent retirer cette mesure six ans plus
 lard ; mais au bout de quelques années, en 1744, les négo-
 ciants vinrent à bout d'obtenir un nouveau règlement qui
 rappelait le premier, en l'aggravant encore.
   Cette fois, le mécontentement dégénéra presque en sédi-
tion. Les ouvriers refusèrent de travailler pour ceux qui ne
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