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108                 NOTICE SUR J.-B. DUMAS.

 de secours publics multipliées sous toutes les formes. Mais
 il ne veut pas que la cause de l'antiquité soit pourtant trop
condamnée. Il remarque avec Montesquieu que c'est chez
les nations riches qu'il doit y avoir le plus d'hôpitaux et
 d'établissements de secours, parce que « la vie humaine y
 est sujette a bien plus d'accidents. » Il répète l'assertion de
 l'abbé Terrasson « je n'ai point trouvé que chez les anciens
 « on souffrît des pauvres. » Après être entré dans le détail
 des moyens que les sociétés antiques employaient pour
 remédier a la misère ou pour la prévenir, il formule cette
 conclusion : que les peuples anciens avaient moins besoin
 que nous d'établissements de secours publics et qu'ils en
 possédaient davantage, ou qu'au moins ceux qu'ils avaient
 répondaient mieux à leurs besoins que ceux dont nous jouis-
 sons ne répondent aux nôtres. Conclusion contestable en
plus d'un point, mais qui d'ailleurs, bien examinée, ne don-
nerait aux anciens aucun avantage ; car, il n'est pas besoin
d'une longue réflexion pour apercevoir que si les anciens
combattaient le mal par des moyens politiques, nous le
combattons nous par des moyens principalement moraux.
Leurs moyens politiques, quelque appropriés qu'ils fussent
à leur but, avaient le tort de l'ensemble vicieux d'institutions
dont ils faisaient partie; c'était la politique et non la charité
qui écartait la misère , et elle ne l'écartait qu'au prix des
tyrannies du système des castes, des grossières et violentes
égalités de la communauté des biens, de la clientèle unie aux
duretés du patriciat, des maux multipliés d'un état social
fondé sur la haine de l'étranger et la continuité de la guerre.
Tandis que chez les modernes, la misère étant conjurée par
des moyens indépendants de l'ordre des institutions, c'est
la morale et la charité qui sont aux prises avec elle; et la
cité peut jouir de tous les progrès amenés par l'équité civile
et la douceur des mœurs, en même temps que le cœur