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 SO                        ANCIENNES LANGUES

ornement épicurien des orleils? II est vrai qu'on hésite tant
soit peu devant l'idée qu'on eût pu acquérir cet ornement là,
dès l'époque reculée où la Gaule était slave.
   Elle l'était : puisque le breton actuel, c'est-à-dire, le plus
ancien et le plus national idiome populaire de la France, est
tout slave quant au dictionnaire. Ce fait, qui éclaire d'un
jour si nouveau le berceau de la France, ce fait si frappant,
si facile à constater, a cependant échappé à notre philologie,
parce que les princes de la science, en parlant beaucoup
d'esprit philosophique, ont accepté de confiance l'hypothèse
imaginée en Allemagne, que la grammaire est la forme es-
sentielle de la langue, que là où les grammaires diffèrent
radicalement, tout le reste doit différer.
   Hélas, le breton et les autres idiomes celtiques n'ont pas
voulu se conformer à cet arrêt. Puisse le déboire (car c'est
bien la peine d'éplucher le style de Moïse quand on ne voil
goutte dans le dictionnaire français!) empêcher de poursui-
vre cette campagne philologique, qui fera la joie des écoliers
futurs, contre l'unité du genre humain (1).

   (1) Le jour même où j'écrivais ceci, parut dans le Siècle (voir le numéro
du 9 août) l'analyse d'un ouvrage intitulé les Races et les Langues, par
M. Chavce. Le rédacteur du journal, en s'associant aux idées de l'auteur,
les résume à peu près ainsi :
   « Une seule race ne pouvait créer deux langues, parce que deux langues
radicalement diverses supposent deux variétés du cerveau humain. Pour
reconnaître si les langues sont radicalement séparées, il faut comparer
leurs mots les plus simples, et notamment les pronoms et leurs dérivés,
qui sont comme le système légumentaire detout l'organisme de la parole.»
  Appliquant cet infaillible critérium à l'étude des idiomes de deux
grandes races nobles, c'est-à-dire, des Aryens et des Sémites, l'auteur re-
connaît que leurs pronoms n'ont rien de commun ni dans la sonorité ni
dans la construction syllabique, et conclut en faveur de deux Adams.
  Il est bon de remarquer qu'on ne nous apprend là rien de bien neuf.
Les adeptes de la jeune philologie en sont réduits, ores et déjà, à renchérir