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                             DE LA FRANCE.                                M

   Ce qui a pu influer encore sur le sort des études celtiques,
c'est que le dictionnaire slave, un des plus vastes au monde,
est réparti entre un grand nombre de dialectes. Un mot
breton se retrouve en polonais, un autre n'existe qu'en mo-
rave ou en bulgare ou en kachoube, etc. J'ai dû mettre à


l'un sur l'autre. Un membre de l'Académie des Inscriptions ayant trouvé
que les langues appartiennent à la catégorie des choses vivantes, les can-
didats aux suffrages de cette Académie leur trouvent, aux langues, un
système tégumen taire !
   Le Pr. Sehlcicher avait dit déjà, en traitant la thèse de M. Chavéc,
« comparer l'hébreu à l'allemand, c'est comparer un cerf à un bœuf. »
M. Ernest Renan en a tiré depuis un si admirable parti, que les auteurs
de Y Encyclopédie thêologique, par exemple, pris entre la philologie de
Moïse et celle de M. Renan, cèdent au fond le terrain à ce dernier, moyen-
nant quelques accommodements, et en insinuant, pour s'en venger, que
M. Ernest Renan pourrait bien ne pas être très-fort en hébreu.
    Toute ma science se bornant à chercher dans quelques dictionnaires,
je puis, sans rien compromettre, hasarder une objection. Je m'attache,
pour être bref, à l'argument auquel on paraît attribuer une valeur supé-
rieure et décisive pour conclure à la pluralité des Adams. « Si l'on consi-
dère, dit-on, le rôle qui appartient dans toutes les langues aux pronoms
iaterrogatifs et à tous les adverbes de temps et de lieux qui en proviennent,
c'est avec un profond étonnemeot qu'on mesure la distance qui sépare
l'indo-européen Ki ? KA ? du syro-arabe Mi ? MAH ? correspondant aux
mêmes vocables. »
    Le profond étonnement se serait changé en ébahissement si l'on avait
regardé dans le dictionnaire hongrois. Cette langue dit comme nous : Kl ?
lorsqu'il s'agit de personnes, et elle dit Mi ? comme les Arabes, quand il est
 question d'objets inanimés. Dans MITCHODA quoi, MIKOK quand, MIKENT com-
ment, etc. les deux formes jugées incompatibles sont réunies en un
 seul mot.
    Plusieurs autres choses déclarées introuvables, impossibles, inconcilia-
bles, se trouvent de même fort conciliées dans les grammaires et les dic-
 tionnaires de la famille touranienne, plus grande et aussi noble qu'aucune
 autre. Si la gloire unique de notre père Adam n'a à craindre que les pro-
 noms et les adverbes, elle durera longtemps.