Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                              POESIE.


                     LOIN DE LA FOULE,

                               SONNET.


   N'est-ce donc point assez quand un torrent s'écoule,
   D'être entraîné par lui sans s'y précipiter?
   Pourquoi tous ces efforts pour se joindre à la foule ?
   C'est un gouffre béant, tâchons de l'éviter.

   Plutôt que. sur ma tête un monde entier s'écroule ;
   Si je devais un jour lui plaire et la flatter !
   Désirs d'ambitions, à mes pieds je vous foule,
   Si, pour vous satisfaire, il faut démériter !

   Non jamais , dans mes vers, je n'aurai la faiblesse
   D'admirer la laideur, de la louer tout haut,
   De me taire toujours, d'admirer tout défaut ;

   D'un lâche et d'un flatteur loin de moi la bassesse !
   Et dussé-je être seul à suivre ce chemin,
   Debout, je m'y tiendrai plus haut que le dédain.

                                         Joannès JURON.




           JUVÉNAL SERAIT-IL UNE GANACHE ?

  Dans le temps où brillait l'impure Messaline,
  Où Néron, l'assassin de sa mère Agrippine.
  Chantait sur le théâtre et composait des vers,
  Où le dernier Flavien, maîlre de l'univers (1),
  Convoquait le sénat pour l'importante affaire
  De prendre ses conseils sur un point culinaire,
  Alors vivait à Rome un sot original,
  Un mécontent de tout, qu'on nommait Juvénal.

(I) Flavius ultimus, Domitien. — Juven. iv, 37.