Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
           LA CIGALE ET LA FOURMI

  Lettre à M. PIERRE LAROUSSE , directeur de Y École normale,
               journal de l'Enseignement pratique.




        MONSIEUR,

    J'ai reçu et je viens de lire avec le plus vif intérêt le Numéro
 du 4 novembre 1860 de votre excellente publication 5 j'y ai
 trouvé une foule de ces choses que trop souvent l'on ignore et
 que l'on est heureux d'apprendre. Votre feuille fait aimer l'étude ;
 vos dictées, vos compositions font connaître, apprécier et vaincre
 les difficultés si nombreuses de notre langue ; vous rendez la
 grammaire attrayante, les mathématiques moins épineuses, vous
 charmez la jeunesse en l'instruisant et vous devez recevoir sou-
vent des pères de famille et des chefs d'institution des remercî-
ments empressés, sincères et vrais comme ceux que j'ai l'honneur
de vous adresser aujourd'hui.
    Mais plus votre publication est précieuse pour la jeunesse et
sérieusement recommandahle auprès de tous les esprits élevés et
plus vous devez vous tenir sur vos gardes , Monsieur , pour que
rien ne se glisse dans vos colonnes qui ne soit rigoureusement
juste, droit et empreint de cette clarté loyale que les enfants
chérissent et qu'ils savent si bien reconnaître, servis qu'ils sont
par une logique inflexible et un sens commun exquis. Plus leur
intelligence est délicate, plus il faut se garder de la fausser et, à
ce sujet, permettez-moi de vous soumettre quelques réflexions
à propos d'une fable charmante, La Cigale et la Fourmi, que
vous critiquez précisément parce que vous lui faites dire le con-
traire de ce qu'a voulu l'auteur, ce qui vous amène forcément à
conclure contre toute justice que : « Cette fable ne compte pas