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                            MACAULAY.                           50!)

faire un pas sans chercher où nous passons la trace des grandes
choses : les monuments, les lieux mêmes nous paraissent l'his-
toire vivante. Si nous restons à nos foyers, nous aimons à mon-
trer, à notre tour, à l'étranger qui nous visite, ces monuments,
les uns brisés , les autres encore debout, qui attestent la gran-
deur antique ou moderne de nos villes, et que l'étranger avait
longtemps passé sans voir. Ici encore , Macaulay a parfaitement
compris l'esprit de notre siècle et l'utile alliance des traditions
anciennes de chaque cité avec ses destinées à venir. Il avait
parcouru, étudié les Trois royaumes, leurs beautés naturelles,
leurs monuments, les lieux historiques, l'archéologie locale. Il
décrit les scènes avec soin, ce qu'elles étaient et ce qu'elles sont.
Il sait l'âge des monuments et l'âge des villes : c'est un touriste
du passé. Il fait place à tous les détails en les rattachant à l'en-
 semble, et en les rattachant à l'ensemble il leur donne par cela
même une nouvelle vie ; il les élève à toute leur hauteur.
   On a critiqué ce système , on a reproché à Macaulay d'avoir
trop peu déguisé le procédé dont il se servait, comme on lui a
reproché d'avoir porté beaucoup trop loin le préjugé en faveur
de son pays , et d'avoir tout ramené au point de vue anglais. La
critique peut être fondée. Mais l'abus prouye-t-il contre le sys-
tème ? Le culte de tous les souvenirs utiles et glorieux n'est-il
pas l'objet même de l'histoire? Et ce culte peut-il être sans
enthousiasme et sans entraînement ? L'émotion n'est-elle pas la
première qualité de l'historien, et comment l'historien sera-t-il
ému au spectacle des grandeurs de son pays, s'il ne l'est aussi à
celui.de ses grandeurs présentes? Ceux qui voudraient qu'un
Anglais ne fût pas fier de l'esprit d'entreprise de sa nation, de
la puissance de ses vaisseaux et de son commerce, de l'étendue
de ses colonies, du libéralisme de sa politique, voudraient sans
doute que l'historien de la France fût insensible à ses gloires,
qu'il ne comprît, ni la gloire des lettres et des arts, dans un
pays qui est le centre de la civilisation européenne, ni celle des
armes dans un pays qui fournit les premiers soldats du monde.
  C'est précisément un des résultats de l'étude de l'histoire ,
sous toutes ses formes et dans toutes ses parties, que d'exciter