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                               MACAULAY.                             501

   des mœurs, des institutions et des lois plus de précision et de net-
  teté. Si elle raconte, elle le fait mieux aussi, parce qu'elle n'a pas
  les mêmes partis pris et qu'elle ne compose pas ses tableaux uni-
  quement avec les grandes scènes des révolutions ou des guerres ;
  elle y mêle celle deshabitudes et des mœurs, celle des connaissan-
  ces, celle des idées, celle de la vie matérielle et morale de chaque
  peuple et de chaque époque. Elle ne néglige rien de ce qui peut
  faire connaître le caractère et l'esprit d'une nation à un siècle
 donné.
     Mais n'avons-nous pas à constater aujourd'hui des tendances
 qui, pour être opposées, n'en sont pas moins également regret-
 tables? Ici, ce sont des historiens graves qui étudient les insti-
 tutions avec d'exacts procédés d'analyse, c'est-à-dire d'une ma-
 nière sèche et décolorée y là, des historiens légers, ou des ro-
 manciers faisant mille évolutions autour de l'histoire, cherchant
 la couleur locale à tout prix, l'inventant au besoin et s'attachant
 à peindre des événements ou des personnages souvent très-se-
 condaires, avec force réminiscences d'antiquaires, ou avec les
 détails de leur imagination. Ces deux tendances fâcheuses ont
 été françaises aussi bien qu'anglaises. Nous avons vu encore
 en France comme en Angleterre régner d'autres erreurs. D'un
 côté l'esprit de parti faire descendre le passé dans une polé-
mique où il était défiguré à plaisir, et, d'un autre côté, quelques
écrivains plus consciencieux que vraiment judicieux, ériger en
doctrine une impartialité prétendue, qui n'est pas seulement de la
froideur, mais qui est bien plus souvent l'inintelligence des ques-
tions et des intérêts d'autrefois, aussi bien que des questions et
des intérêts d'aujourd'hui.
    Il est facile de voir, en dépit de la rapidité d'une semblable
esquisse, que cette critique va droit à un but. Aussi sensée dans
le fond qu'originale dans la forme, elle est la préface réfléchie
d'une grande Å“uvre. Si je la rappelle ici, ce n'est pas pour en
apprécier les détails, c'est pour exposer le plan de l'historien.
Macaulay a compris l'histoire comme les anciens. Il a voulu faire
vivre la société anglaise comme les Grecs et les Romains ont fait
vivre celles d'Athènes ou de Rome. Il a voulu remuer les pas-