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MACAULAY. - 499 avec leur empire ; ces deux derniers sont même des moralistes, mais on ne saurait guère citer d'eux une seule ligne où l'on ne retrouve l'esprit de Rome, et, quand ils font de la morale, c'est encore de la morale romaine. Les historiens des XVIS, XVIIe XVIIIe siècles sont très-infé- rieurs aux anciens. La faute n'en est assurément pas à l'histoire des nations modernes, qui est bien au-dessus de celle d'Athènes ou de Rome, quelque haute idée qu'on se fasse de l'antiquité. Tient-elle donc à l'infériorité de valeur ou de génie? Ne tiendrait- elle pas aussi à des erreurs de méthode, à des difficultés nouvelles et à ce que nous sommes devenus plus exigeants à certains égards? Ni le talent ni même le génie ne manquaient à Machiavel et à Guichardin , et ils maniaient leur langue comme les anciens maniaient les leurs. Mais, en se laissant aller à un calque stérile, en s'imposant en quelque sorte la gageure de ramener dans leurs écrits la société de leur temps au type des sociétés antiques, en h revêtant tout au moins des formes convenues de l'antiquité comme d'une parure qu'ils croyaient nécessaire, ils ne virent pas que ces formes dont la poésie et les arts faisaient alors un em- ploi si habile et si brillant, mais en même temps si dangereux, étaient particulièrement inapplicables à l'histoire, et que l'objet de celle-ci avait entièrement changé. On ne tarda pas à comprendre que les sociétés modernes diffé- raient beaucoup des sociétés antiques, qu'elles en différaient surtout par les changements et les progrès qui s'étaient accomplis dans les principes de la morale, dans les croyances religieuses, dans la législation, dans toutes les branches de l'art de gou- verner. Les gouvernements anciens, d'ailleurs peu nombreux, étaient plus simples et moins étendus que les nôtres; les peuples anciens avaient des intérêts moins compliqués, et, par cela même , beaucoup moins de rapports entre eux. Ils con- naissaient toutes les divisions et la fureur des partis politiques; mais ces partis étaient rarement dirigés par des théories. Aussi les historiens de l'antiquité avaient-ils peu à discuter et à dé- battre; ils pouvaient à peu près se contenter de faire des récits et des tableaux.