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482 ÉLOGE HISTORIQUE monument élevé par la France a la gloire littéraire du monde oriental. Contentons-nous donc de savourer a nouveau, comme dans un banquet funèbre des Brachmanes, deux pièces de genres divers. Dans l'une, le sultan Amurat II s'adresse a un éehanson : Enfant dont la joue est vermeille, Cours et m'apporte sans relard Le reste de ce vieux nectar Dont hier j'égayai ma veille. Dis qu'on remette dans ma main Mon luth à la corde sonore, Car jusqu'à ma suprême aurore Je veux bannir le noir chagrin. Trop tôt viendra l'heure fatale Où, la mort terminant mes jours. J'irai reposer pour toujours Sous une pierre glaciale. Là , le plaisir ne règue plus ; Là , tout ce qui vit la lumière Forme une insensible poussière Où tous les rangs sont confondus. — P. 191. Dans l'autre, Hibétulla, femme poëte, princesse du sang impérial, jetée en prison a la suite d'une révolution de palais, craignant une fin plus cruelle encore, s'empoisonne et com- pose, en attendant les effets du mortel breuvage, ces stances touchantes de son hymne funèbre : Ce poison, que j'ai dans mes veines Versé comme un pur élixir, Qu'il tarde à terminer mes peines ! Mon âme, il est temps de partir. Dans le beau jardin de la vie, Je ne rêvais que le plaisir, Mais j'ai connu la perfidie. Mon âme, il est temps de partir.