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448 ÉLOGE DE VICTOR VIBERT. C'est ainsi que, pendant vingt-sept ans, Vibert s'efforça de remplir la tâche qu'il avait acceptée à Lyon, celle de servir à la fois les intérêts de l'art et ceux de l'industrie. Nous avons parlé de Vibert comme professeur, il nous reste a le considérer comme artiste. Vibert fut en même temps élève d'Hersent et de Richomme. Il puisa dans les leçons du premier surtout, cette science, cette pureté et cette finesse de dessin qui ont toujours dis- tingué son talent. Les œuvres qu'il a laissées sont appuyées avec énergie sur ces \éritables principes de l'art qui font seuls les grands maîtres, aussi ses dessins d'après Raphaël doivent être regardés comme de précieux modèles. Jamais le peintre d'Urbin n'a été traduit avec plus de vérité, de science et de finesse. Ceux exécutés les premiers sont un peu sombres. Vibert pensait alors que la gravure doit repro- duire les différentes teintes et même un peu de cet obscur- cissement général produit par le temps. Mais bientôt éclairé, il comprit quel est le véritable but que le burin doit se pro- poser, et qu'éteindre des lumières pour imiter des teintes rouges, jaunes ou vertes c'est nuire a l'harmonie de l'ensem- ble, c'est en détruire la fermeté et la précision des formes. Vibert a peu produit comme graveur (1). Son œuvre prin- cipale est la reproduction du tableau d'Orsel, le Bien et le Mal. Cette planche a laquelle il a travaillé tant d'années eW, ainsi que nous l'avons dit, l'expression du nouveau système qu'il voulait introduire dans son art. « Une des plus belles « réformes tentées par Orsel, a dit M. Cartier (2), était de (1) Ses œuvres sont : La leçon de basse de viole, d'après Nelscher, élude d'après Léonidas, demi-figure, figure du prix de Rome, portrait de Ma- saccio, Vierge à l'œillet, d'après Raphaël, commencée, portrait de Jacquard, Le Bien et le Mal, d'après Orsel. (2) M. Cartier, auteur de la Bibliothèque dominicaine et de la Vie de Fiesole, œuvre où l'art chrétien est si bien compris.