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                      MATTHIEU BONAFOUS.                    395

                              VI.
    Par son caractère et par ses études, Matthieu Bonafous
 était heureux. — Par son cœur et par sa nerveuse impres-
 sionnahilité, il souffrait comme tous les êtres sensibles.
    Bien que son tempérament robuste résistât facilement a la
 fatigue, il avait plusieurs fois éprouvé, en 1841, soit d'abord
 à sa campagne de Sant' Agostino et à Paris, soit plus tard
 dans son autre propriété deMoncalieri, près de Turin, les fâ-
 cheux effets d'une gastro-entérite, triste résultat de ses lon-
 gues veilles et du labeur incessant de son cerveau.
    En mars 1852, cette affection qui s'était toujours mani-
 festée d'une manière violente, se renouvela à Paris, où il
 était venu pour achever la publication de ses derniers ou-
 vrages restés inédits, la Monographie du riz et sa Biblio-
 thèque séricicole.
    Le 22, cette indisposition ne laissa voir d'abord aucun
symptôme de gravité; elle se compliqua bientôt d'une fièvre
 pernicieuse.
    Malgré les soins empressés de son ancien ami le docteur
Prunelle, et de son jeune compagnon Félix-Rassat, qui ne le
quittèrent presque pas, le mal fit des progrès si rapides, que
le lendemain, 23, a cinq heures du matin, un nouvel accès
 accompagné de crises nerveuses, se déclara subitement, et
avant midi, en dépit des prompts secours de la science et de
l'amitié, cet homme de bien s'endormit du sommeil du juste,
pour ne se réveiller que dans le sein de Dieu !
    Sa mort prématurée, répandue avec la rapidité de l'éclair,
fut un deuil profond, en France comme en Italie, pour sa
famille, pour ses amis, pour la science, pour les lettres et
pour les malheureux.
   Son frère et sa sœur qui furent privés de la triste conso-
lation de lui fermer les yeux> accomplirent religieusement le