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                       ELOGE HISTORIQUE

                                       DE



     M. EDOUARD SERVÀN DE SUGNY
                                  (SUITE).




      Les tempêtes politiques s'étaient enfin apaisées, la dynastie
   semblait avoir triomphé des factions opposées et, il la faveur
   de cette trêve qui paraissait devoir durer longtemps, la
  justice répressive allait concentrer plus particulièrement
  l'effort de sa vigilance sur les matières du droit commun.
  L'usure, ce fléau de la propriété agricole , exerçait alors ses
  ravages dans l'arrondissement de Nantua. Nulle part, peut-
  être , la plaie n'était plus profonde et plus vive que dans ces
  montagnes : un canton tout entier (celui de la Combe-du-Val)
  était réduit, pour ainsi dire , a n'avoir plus un seul habitant
  propriétaire du sol qu'il tenait de ses ancêtres, ni de la
  maison paternelle. Dans la vue d'apporter un remède au
  mal, notre confrère dirigea donc des poursuites contre ceux
 que la rumeur publique désignait pour se livrer a ces cou-
 pables transactions. Plusieurs condamnations s'ensuivirent.
iBientôt un banquier , contre lequel des présomptions suffi-
 santes surgirent de la discussion d'un procès civil, dut venir
 s'asseoir sur le banc correctionnel où les petits capitalistes
 l'avaient précédé. On doutait presque , au début de l'infor-
 mation , que la poursuite fût réelle , l'opinion s'étant accou-
 tumée a regarder le chef de cette maison comme supérieur
 aux coups de la justice. La curiosité était donc vivement
 excitée par la qualité du prévenu, et une affluence énorme
 se porta dans le prétoire et suivit, avec une attention sou-
tenue, les débats, qui remplirent trois audiences.
  0) Voir la livraison de septembre.