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TRAITRE 0(1 HÉROS? 321 contre lui. Au courage, le courage, au fort, le fort. Un brave, son pareil, peut donc seul jouer sa vie contre la sienne. Or, un brave, mon colonel, ne vend ni sa vie ni celle d'aulrui au poids de l'or. Que les acheteurs, s'ils veulent trouver un vendeur, changent d'abord le prix offert. Retirez l'or et à sa place mettez l'honneur. » — « Et <^>mment, de grâce, enlends-lu cela ? fit Je colonel vivement frappé ? » — « Rien de plus simple, mon colonel; substituez celte autre prime a la première : Celui qui livrera Ephisio Ma- lipierri mort ou vif,recevra une médaille d'honneur spéciale ; celle médaille portera l'effigie sacrée du Moi sur une de ses faces; sur l'autre, on lira : AV COURAGE, A L'HONNEUR, AU DEVOIR, LE ROT ET LE VA vs SATISFAITS. Accompagnez celte médaille d'un grade, si c'est un militaire qui sait !a mériter, cela ne gâtera rien ; et ne parlez plus d'écus. Les écus, je vous le répète, ne payent que ce qui se vend et l'honneur ne va pas au marché. — « Bien! très-bien ! ne put s'empêcher d'interrompre le colonel, une noble larme aux yeux ! » Et il laissa affectueu- sement tomber sur l'épaule du jeune soldat, une main toute chargée de satisfaction. — « Essayez de ma recette, mon colonel, continua le cava- lier ainsi encouragé; et cela faitj accordez-moi deux choses : un congé de deux mois pour le continent et un passeport qui me permette de rentrer dans l'île sous un autre nom que le mien et par le point de débarquement que je resterai le maître de choisir. Accordez moi cela, et dans deux mois au plus lard, je le jure ici devant Dieu et devant vous, je vous revien- drai avec Ephisio Malipierri, ou je ne vous reviendrai plus et vous apprendrez que si c'est lui qui a eu ma vie, je la lui ai fait payer ce que vaut la vie d'un soldat sans reproche et sans peur » 21