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304                    MATTHIEU BONAFOUS.


                                  III.

   Parmi toutes ses compositions, ce qui cacheta du sceau
le plus glorieux ses écrits poétiques , ce fut sa traduction
en vers français du poëme latin de Marc-Jérôme Yida , sur
le ver a soie, dont nous avons rendu compte à la nomen-
clature de ses ouvrages.
   Les expressions techniques, les calculs de détail, sont
peu du domaine de la poésie dont la lyre divine semble avoir
reçu du ciel la mission de célébrer les harmonies sublimes
de la nature.
   A l'exemple des poétiques interprètes français de Varron
et de Lucrèce, Matthieu Bonafous colora la forme de ce
poëme didactique, et fut a Vida, ce que Delille fut à Virgile.
Aussi, M. Dumas , rapporteur auprès de l'Académie de cette
traduction fidèle, qui constitue en même temps une œuvre
littéraire, sanctionna-t-il cette pensée, en disant : « J'ai
 « éprouvé un grand plaisir à reconnaître que le poète tra-
 « ducteur est un disciple de l'abbé Delille. C'est le même
 « choix d'expressions, la même politesse de langage, le
 « même goût fin et délicat, etc. »
    C'est que les sujets les plus prosaïques peuvent être
poétisés par la forme et par l'expression.
    A la chose la plus hideuse , dit Victor Hugo , mêlez une
 idée religieuse, elle deviendra sainte et pure ; attachez Dieu
 au gibet, vous aurez la croix.
    Corroborons ces préceptes par l'exemple :
        Nymphes de Sérius , gloire de l'Ausonic,
        Célébrons par des chants pleins de votre harmonie
        L'insecte ingénieux qui , du fil le plus beau ,
        Ourdit ses réseaux d'or et se tisse un tombeau.

   Après l'éclosion des vers :
        Donne ensuite un asile à la naissante race ,