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222                    TRAITRE OU HÉROS.

voulu rappeler que ce n'est point en Sardaigne qu'a pris
naissance et que se trouve encore exceptionnellement
exercé le droit de la vengeance prévalant sur celui de la
justice, et je liens à faire bien comprendre pourquoi et com-
ment l'expression de bandit ne réveille point dans cette cité
et ne saurait y réveiller les mêmes idées que parmi nous.

                      LE BANDIT SARDE.


    On appelle bandit en Sardaigne un homme qui eût cru
oublier le plus saint des devoirs et renoncer au plus sacré
des droits, en laissant au gouvernement le soin de venger
l'injure dont il pensait avoir à se plaindre; l'homme, en un
mot, qui, regardant son honneur comme un bien qui n'ap-
partient qu'à lui et dont il a seul la garde, a cru défendre
ce bien en s'armant contre la justice, plutôt que de lui re-
connaître le droit de s'armer seule pour lui, de se réserver
l'arbitrage des torts dont il a souffert, et de régler à son gré
la mesure des réparations auxquelles il peut prétendre. Il
n'y a doncaucnne assimilation possible entre le bandit sarde
et l'ignoble héros que nous voyons s'asseoir sur le banc de
nos Cours d'assises ; l'hôte intrépide des âpres retraites des
monts de la Gallura, du Gennargenta ou du Limbura, n'a
rien de commun, on le voit, avec l'hôte repoussant du tapis
ver et le hideux chourineur des romans modernes.
    L'hospitalité est, chez ces bandits réfugiés dans les monta-
gnes , une vertu naturelle , et ils l'exercent envers leurs
plus cruels ennemis. Ils y joignent même une façon de
délicatesse généreuse qui les porte a ne pas abuser de la
supériorité du nombre et de l'avantage de la position.
    Il est un autre noble sentiment que l'on est toujours sûr
de retrouver en eux, lorsque les circonstances y font appel :
l'amour de la patrie. Le passage suivant du général de la